' RHIN et DANUBE ' - Anciens de la Première Armée Française du Département de l' Yonne

Préfecture de l' Yonne n° 3549

Activités de la section de MIGENNES

 

Assemblée générale du 15 Février 2008

Migennes01

Le Bureau

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L' Assemblée


 L'année 2007 a été difficile pour l' Association Rhin et Danube du Migennois, qui regroupe les anciens de la Première Armée Française. Vendredi lors de l' Assemblée générale , en présence d' André DARLEY, Président départemental , le président Charles BOURSIN a rappelé les décès de Jean SAPIN , ancien président de la section de Migennes et de Jean BLAVIEL, président départemenal. La question de survie de l' association s'est posée, a-t-il avoué.

La section du Migennois compte 23 membres actifs et 8 membres associés, unis et actifs. Un récapitulatif des actions auxquelles les adhérents ont participé l' année dernière a été présenté par le président Boursin.

Des remerciements particuliers ont été adressés aux personnes qui représentent Rhin et Danube lors des différentes cérémonies, dont Hubert PICARD, le porte drapeau, qui vient de se voir décerner la médaille militaire.

L'Yonne Républicaine du 19 Février 2008
 


 

Buffet Campagnard 2007

boursin


chichery

Afin de perpétuer le souvenir et la camaraderie nés dans les Vosges, l' Alsace et l' Allemagne dans les durs moments de 1944-1945n la section de MIGENNES organise depuis de nombreuses années un buffet campagnard, c'est donc le vendredi 16 Novembre 2007 qu' a eu lieu ce repas.

Le Président BOURSIN , après avoir demandé un instant de recueillement pour nos disparus de l' année , en particiler Jean BLAVIEL président départemental, et Jean SAPIN, président de la section de MIGENNES , souhaita la bienvenue et une bonne journée aux 58 participants.

Merci aux organisateurs pour cette belle réunion de camaraderie.



Devoir de Mémoire (par Jean SAPIN)

 

 

Lors des cérémonies commémoratives des 8 Mai et 11 Novembre qui se déroulent au monument aux morts de Chichery, vous avez pu remarquer deux drapeaux :

UNC section Branches-Chichery en souvenir des poilus de la guerre 14-18.

RHIN et DANUBE en souvenir des morts de la section de Migennes qui ont combattu pour la libération de la France et en particulier de l' Alsace lors de la guerre 39-45.

PRESENTATION de "RHIN et DANUBE"

C'est une amicale qui regroupe les anciens combattants de la 1ère Armée Française qui ont combattu pour libérer la France de l' occupation allemande de 1940 à 1945.

Pourquoi 1ère Armée Française "Rhin et Danube" : parce que la 1ère Armée Française, en Novembre- Décembre 1944, fut de toutes les armées alliées combattant sur notre sol, la première à atteindre le Rhin à Kembs et la première à atteindre le Danube en Allemagne à Donaueschingen, le 21 Avril 1945. L' écusson représente les armes de la ville de Colmar que le Maire de la ville libérée par cette 1ère Armée Française remit au Général de Lattre de Tassigny qui en fit l'insigne de la 1ère Armée et plus tard de l' Association des anciens de la 1ère Armée Française " RHIN et DANUBE ".

Cette Armée Française formée en Afrique du Nord avec des combattants de nos colonies, des évadés de France, ert avec l' appui de l' Armée Américaine débarquée en Algérie en 1942 , a d'abord participer à l' anéantissement de l' Armée Allemande d' Afrique du Nord avant de débarquer en Italie pour aider les Américains à la prise de Rome.

Ensuite ce fut la Sardaigne, la Corse et enfin le 15 Août 1944, le débarquement sur les côtes de Provence entre St Tropez et St Raphäel.

C' est alors que le Général de Lattre de Tassigny prend le commandement de la 1ère Armée Française.

En quelques jours Marseille, Toulon sont libérées, la 1ère Armée Française remonte la vallée du Rhône , Lyon est libérée le 12 Septembre 1944.

La division Leclerc débarquée en Normandie fait la jonction avec la 1ère Armée de Lattre à Nod-sur-Seine , près de Chatillon s/Seine.

C'est alors que le Général de Lattre envisage d 'intégrer la Résistance dans la 1ère Armée afin de renforcer ses effectifs, c'est l' "amalgame".

C'est dans le cadre de " l' amalgame" que plusieurs groupes de Résistance de l' Yonne et des départements limitrophes se rassemblent le 23 Septembre 1944 dans les casernes de Joigny pour former le 1er Régiment des Volontaires de l' Yonne. De même à Auxerre se rassemblent les différents maquis de l' Avallonais pour former le 1er Régiment du Morvan.

 

 

 

Le Groupe BAYARD pour le Jovinien et le Migennois fut trés actif dans le sabotage au dépôt de Migennes et sur les voies ferrées.

Le Groupe CHEVREUIL que 17 jeunes - et moins jeunes- de Chichery rejoignent le 19 Août à Sommecaise afin de renforcer l' effectif de ce groupe de Résistance. C'est au moment où les troupes allemandes refoulées de Normandie par les troupes alliées débarquées ,cherchaient à se regrouper.

De Londres le Général Koenig avait lancé un appel à la Résistance Française : " stoppez les convois allemands partout où vous le pourrez afin d' éviter leur regroupement dans l' Est de la France."

Cet appel fut entendu à Ponceau-Charbuy où se trouve le poste emetteur-recepteur du groupe. Un agent du réseau employé à la Feldkommandantur indique au Capitaine Chevreuil qu' un convoi de munitions venant de Dijon doit passer dans la soirée par Auxerre et suivre la RN 6 jusqu'à Joigny.

Le 12 Aôut la décision est prise d'attaquer ce convoi, le "pont de pierre" sera le lieu de l' attaque à 300 mètres en direction d' Appoigny ,sur la gauche, un talus surelevé doit donner une bonne position d' attaque, puis permettre le décrochage à travers les bois des Bries pour le retour sur Charbuy.

Vers 18 h 30 le signal qui annonçait le convoi allemand fut donné : sur une moto, un des nôtres qui guettait l' arrivée des camions passa devant nous ,comme convenu, quelques secondes plus tard, ce fut l' enfer, les "Chevreuils" vidèrent leurs chargeurs et lancérent des grenades, l' ordre de repli fut donné, un des nôtres François Jussot fut blessé, il reçut une balle dans la cuisse.

Les hitlériens ont 48 tués et 72 blessés , cinq camions hors d' usage.

Les jours suivants le "Groupe Chevreuil" se rassemble à Sommecaise afin de recruter des volontaires pour avoir un effectif suffisant pour résister à d' enventuels engagements de l' armée allemande en déroute venant du front de Normandie. Nous sommes donc venus 17 jeunes de Chichery, d' autres jeunes des communes avoisinantes ( Bassou, Villemer, Branches, Fleury, .....) nous rejoignent ainsi que des gendarmes de Migennes. L' effectif d'une compagnie est ainsi vite atteint. L' armement venait des parachutages, il était donc trés rudimentaire.

Le 20 Août, premier engagement à Champignelles, nous avons trois tués.

Le 23 Août, deuxième engagement avec un convoi allemand à Villiers-sur-Tholon que nous occupons , nous avons encore trois tués.

Puis nous allons alors prêter main forte au groupe Bayard engagé avec un convoi allemand à Béon, Grand Bailly.

Les jours suivants, nous partons en expédition dans les bois de Chevillon, Sommecaise et Grandchamp à la recherche d' éléments retardataires de l' armée allemande.

Le 4 Septembre, nous partons de Villiers-sur-Tholon pour rejoindre et occuper St Amand-en-Puisaye , puis Vézelay le 9 et Précy-sous-Thil le10.

Le 23 Septembre, nous rejoignons Joigny pour former le 1er Régiment des Volontaires de l' Yonne. Nous étions 13 de Chichery a avoir signé un engagement volontaire pour la durée de la guerre (J.Brette, J.Chapron,P. Chapron, A.Fagnoni, M.Jouan, M.Jullien, Le Mocquot, Ph. Ravin, M. Ribière, J. Sapin, G. Sergent,R. Sergent, Le Père Muffat, aumônier). Le Père Muffat était en poste à Chichery pour seconder l' Abbé de Ternay qui avait la charge de l' Ecole Rurale en plus des quatre paroisses de Branches, Chichery, Bonnard et Bassou. L' Abbé de Ternay s' était spécialisé dans la fabrication des fausses cartes d' identité pour les réfractaires qui voulaient échapper au S.T.O. Le Père Muffat était estimé de tous, toujours présent avec nous où se trouvait le danger, prêt à intervenir pour secourir les blessé et évacuer les morts.

A Joigny dès notre arrivée, nous avons été initiés au maniement de notre armement.

Le 7 Novembre 1944, des camions viennent nous chercher à Joigny, nous rejoignons la 1ère Armée Française , le 1er RVY est intégré au 5ème régiment de Tirailleurs Marocains, régiment venant d' Afrique, plus aguerri et trés bien équipé en armement. Le soir, nous cantonnons près de Lure Magny Vernois pour prendre position le lendemain près de Rondchamp à Magny d' Anignon. Après quelques jours passé dans la forêt,- les allemands ont évacués le secteur-  nous nous dirigeons près de Montbéliard à Fesches-le-Châtel où là encore les allemands sont partis, nous avons de la peine à suivre leur retraite et le 28 Novembre, nous arrivons en Alsace où nous sommes accueillis en libérateurs.

Le 2 Décembre , nous retrouvons la ligne de front à Guewenheim dans la vallée de la Doller à queqlues kilomètres de Thann, Cernay.

Le 3 Décembre, nous prenons position dans la forêt au carrefour des routes qui mènent à gauche vers Thann, à droite vers Michelbach, village encore occupé par les allemands.

Tous les jours nous occupons les mêmes positions et le 7 Décembre l' attaque sur Michelbach est menée par la 9ème compagnie du 3ème bataillon.

Cette attaque est racontée par Luc Berton , une figure migennoise. Ce livre peut être consulté à la bibliothèque de Chichery.

Nous attendions le résultat de cette attaque pour emboîter le pas à la 9ème compagnie et occuper Michelbach. Mais malheureusement, ce fut un échec faute de moyens suffisants pour faire face à l' ennemi qui ne se privait pas de nous envoyer des obus.

Le commandant Charpy (commandant notre bataillon) fut tué par un éclat d' obus à quelques dizaines de mètres de notre position le 7 Décembre 1944. Commandant de réserve, il rejoint le 1er RVY à Joigny lors de sa formation. Il était le directeur de l' école d' Ormoy.

Jusqu' au 10 Décembre, nous tenons encore les positions au carrefour de Michelbach, Roderen et Guewenheim, les allemans ont évacués Michelbach.

Le 12 Décembre, nous occupons Leimbach, village à 3 Kms de Thann, nous gardons les différentes voies d'accès du village. L' adjudant Jeunesse est tué par un obus de mortier au pied du PC de notre capitaine. Quelques jours plus tard, nous partons au repos à Anjoutey, village près de  Belfort. Nous passons Noël dans ce village où nous assistons à la messe de minuit et réveillonnons en dégustant la traditionnelle dinde de Noël.

Le 28 Décembre, nous retournons sur le front près de Thann, à Willer-sur-Thur où nous prenons position sur un piton dès notre arrivée.

Pendant ce séjour à Willer, les bombardements sont fréquents, il y eut encore de nombreux tués et blessés, Fillou de la 2ème section de notre compagnie fut de ceux là , il était de Guerchy.

Le 17 Janvier, nous quittons Willer pour rejoindre Bretten le lendemain, et le 20 Janvier, nous sommes au Moulin d' Aspach. Puis nous prenons la route en direction de Schweighouse. Nous nous arrêtons à l' entrée du village et subissons un violent tir d' artillerie, tout le monde est couché dans les fossés. Dédé Brunet de Charbuy est tué.

Le 21 Janvier dans la forêt de Nonnenbruch nous passons la nuit dans un ancien fortin de la guerre 14, et le le lendemain, nous avançons dans la forêt avec de la neige et le gel et y passons la nuit.

Le 23 Janvier toujours sur nos positions, nous subissons des bombardements, un obus tombant prés de notre groupe tua Guy Sergent, le frère de Rémy, Garnault de Cheny et l' adjudant Jourdan de l' Aube. Le lendemain, notre capitaine Chevreuil saute sur une mine, il sera amputé d'une jambe.

Les jours suivants la 1ère Armée Française aidée par l' Armée Américaine libérent complétement l' Alsace, les allemands ont retraversés le Rhin. Notre compagnie se retrouve au repos à Bessoncort près de Belfort afin que notre Régiment du 1er RVY dissous, reforme le35ème Régiment d' Infanterie.

Le 28 Février, je pars en permission avec Marcel Jouan, nous arrivons à la gare de Migennes à 8 heures du soir et à pied jusqu'à Chichery.Nous nous arrêtons chez Mme et Mr Sergent pour leur exprimer toute notre peine pour la mort de leur fils Guy tué à nos côtés.

 

Le 12 Mars 1945, nous reprenons le train pour rejoindre notre compagnie en Alsace où nous arrivons le lendemain. Nous poursuivons l' entraînement pour la formation de notre compagnie au sein du 35ème RI.

Les Chicheriens se trouvent dispersés dans différentes compagnies. Les musiciens M.Jouan,Ph Ravin, avec d' autres camarades des villages voisins R.Courtois de Villemer, R.Lamidé de Bassou, P.Guyot et R.Flanet d' Appoigny.,J.Piquet de la Malmaison et bien d' autres sont rassemblés pour former la musique du Régiment sous la direction du Lieutenant Flamet d' Appoigny. Personnellement je suis affecté à la section mortier. A deux reprises, nous avons pris position au bord du Rhin, afin d' envoyer nos obus de l' autre côté du fleuve pour savoir si l'armée allemande était toujours en position. Après avoir changé de cantonnement plusieurs fois, arrive enfin le jour où nous devons traverser le Rhin.

Le 18 Avril à 8 heures du matin, nous partons de Muttesholtz en camion, nous traversons Strasbourg et arrivons à une quarantaine de kms au nord à Seltz en début de l' après midi pour franchir le Rhin sur un pont de bateaux. Nous arrivons à Malsch en Allemagne à 19 heures (à 13 Kms de Rastatt) où nous sommes restés jusqu' au 22 Avril. Ensuite nous traversons la Forêt Noire jusqu'à la frontière Suisse où nous arrivons le 6 Mai à Stülingen, c'est la fin de la guerre, l' armée allemande a reculé plus vite que nous pouvions la suivre ,aussi nous n' avons pas eu d'engagement, pour nous c' était l'occupation française en Allemagne -la revanche-

Nous sommes restés dans cette région jusqu'à notre démobilisation le 7 Novembre 1945.

CONCLUSION : Depuis le début des années 50, tous les ans début Mai c'est toujours avec beaucoup d' émotion que les membres de l' Amicale se retrouvent en Alsace au carrefour des routes de Guewenheim, Michelach et Roderen au monument érigé en mémoire de ses morts afin de participer à la cérémonie commémorative organisée par les Alsaciens qui nous recoivent à bras ouverts.

Jean SAPIN


 


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