Je pensais que cet archiviste nous accusait d'avoir volé les archives de la ville, alors qu'à cette époque nous avions autre chose à faire, et que notre but était d' arriver à Constance le plus vite possible pour encercler l'Armée Allemande dans la Forêt Noire.
Après recherches nous avons trouvé une loi du Conseil de Contrôle Allié n° 2 du 10 Octobre 1945, qui stipulait de dissoudre et de supprimer toutes les organisations nazies et prescrivait la saisie de toutes les archives , actes et autres documents.
Des jeunes de Villeneuve-sur-Yonne ayant rejoint le maquis 'National Maquis 6' dans la forêt d' Othe sous les ordres du Lieutenant D'ELBEE (neveu du Général Leclerc), l'ont suivi après la libération de la région et un séjour à Migennes , jusqu'à l'Ecole Militaire à Paris où se formait un bataillon de chasseurs pour la 2ème Division Blindée. Le Général Leclerc voyant notre niveau d'entrainement et notre équipement n'a pas voulu de nous, mais le général de Lattre de Tassigny qui recherchait des troupes fraîches pour relever les unités d' Afrique du Nord , nous a accueilli à bras ouverts , et nous rejoignons le 1er Bataillon de Chasseurs qui deviendra ensuite le 19ème (en souvenir du Général de Gaulle qui commanda ce bataillon).
Après une formation et un entrainement intensifs dans la banlieue parisienne, nous partons pour l'Alsace, au sud de Mulhouse dans la forêt de la Hardt sur les bords du Rhin au sud de la poche de Colmar. Bombardements intensifs des allemands qui voyaient tous nos mouvements nous surplombant dans la Forêt Noire. Il y eut plusieurs tentatives de traversée du Rhin qui nous ont coûtés trés cher , trois de nos camarades et le Lieutenant d' Elbée sont morts le 4 Janvier 1945. Puis il y eut l'attaque de la poche de Colmar , le 8 Février où il y eut de nombreux camarades blessé suite aux mines antipersonnelles.
Puis il y eut la garde au bord du Rhin pour repousser les tentatives de débarquement des allemands. puis ce fut Shoenau, Erstein, Strasbourg , la traversée du Rhin en canots. Veillée à Kehl , puis manoeuvre dans la nuit pour être à pied d'oeuvre au petit jour pour attaquer et prendre les canons qui tiraient sur Strasbourg à Oberkirch.
En Allemagne, nous faisons partie du groupe de reconnaissance du 1er corps d' armée, constitué par le 1er Rgt de Spahis Algériens, le 4ème RSM, le 8ème Dragon. Le rôle de ce groupement Lebel, est de foncer en tête du 1er Corps d' armée pour atteindre la Suisse et encercler les troupes alllemandes.
Puis traversée de la Forêt Noire par Freudenstadt, Schwenningen, Villigen, Donaueschingen, Behla, Hufingen, attaque et prise de l'Ecole de SS à Radolfzell et reddition de Constance.
Le 26 Avril , c'est la prise de Constance, et nous avons droit à quelques jours de repos pour regrouper les unités. Puis nous repartons en longeant le lac de Constance pour remonter vers le nord en tenaille pour retrouver les troupes qui filent sur Ulm et la Bavière.
Puis arrive le 8 Mai et c'est l'armistice, nous rebroussons chemin et retournons à Constance. Avec prise d'armes et défilé avec le Général de Lattre de Tassigny.
Puis c'est l' occupation, d'abord le Vorarlberg en Autriche à St Anton et Lech. Puis retour en Bade-Wurtemberg à Biberach-am -Riß.
Enfin démobilisation et retour dans la vie civile où les rescapés ont formé la section Rhin et Danube de Villeneuve-sur-Yonne , aujourd'hui rattachée à la section de Joigny.
Poir la durée de la guerre 1944/1945, le bataillon a perdu : 4 officiers et 62 sous-officiers et hommes de troupe.
Une plaque commémorative est apposée sur la façade de l'Ecole Militaire à Paris pour rappeler le passage du bataillon en ces lieux.
Puis le 18 Août 1993, nous avons eu l'honneur d'aller raviver la flamme à l'Arc de Triomphe à Paris.
Si le 19ème B.C.P. en Alsace était en réserve , et n'a pas eu de gros accrochages ,si ce n' est à Kembs pour éviter les tentatives de traversée du Rhin par les élèves aspirants S.S. de Colmar et la résorption sud de la poche de Colmar le 8 Février 1944. Ce ne fut pas de même en Allemagne où le Bataillon fait partie du groupe de reconnaissance du 1er Corps d' Armée (G.R.C.A.). Ce groupe est constitué par le 1er R.S.A.R. (Régiment Algérien de Reconnaissance ) le 4ème R.S.M. (Régiment de Spahis marocains) le 8ème Dragons et le 19ème B.C.P. (Bataillon de Chasseurs Portés), (voir notre n° 3 d' Août 2006)
Le 16 Avril 1944 - Nous quittons ERSTEIN. Nous traversons STRASBOURG qui s'éveille à peine . C'est aujourd' hui que le Général de LATTRE de TASSIGNY , arrivant d' Allemagne, doit venir signifier à Strasbourg qu' elle n'est plus sous le feu des canons allemands.
Mais au dernier moment, contre ordre le défilé est annulé pour nous et nous nous retrouvons au bord du Rhin , nous laissons notre compagnie de transport et les camions vont aller plus au nord pour trouver un endroit pour traverser le Rhin hors des armes allemandes.
Et nous retrouvons une compagnie du génie qui nous fait traverser le Rhin en canots , sous la protection de fumigènes et nous dérivons de plus de 2 Kms pour arriver à 8 h 45 sur la terre allemande. Pour la première fois les chasseurs connaissent 1' ivresse de la conquête.. Ils se trouvent maîtres d'une ville évacuée par sa population civile et il est difficile au commandement d' empêcher les hommes , qui attendent cette minute depuis 5 années, et surtout depuis cinq mois de na pas profiter de leur séjour.
Le Bataillon quitte, le soir, KEHL, en flammes ,et survolé par des avions allemands. Toute la ville, si agréable, est dévastée.
Le 17 Avril : Ce n' est qu'à 5 heures que la compagnie arrive à Nussbach sur la route d' Oberkirch. Les incidents de route sont nombreux. A 10 heures les 1ère et 2ème Compagnies attaquent appuyées par les spahis et dragons qui sont toujours nos frères d'armes et qui ont des moyens lourds. Et c'est là que nous trouvons les canons qui tiraient sur Strasbourg, il y eut beaucoup de tués du côté allemand et quelques prisonniers.
Le 19 Avril : C'est là que nous sommes intégrés au " Groupement Lebel "ainsi appelé du nom de son chef, le Lieutenant-colonel Lebel, commandant le 1er Spahis, son rôle est de foncer en tête du 1er Corps d'Armée pour atteindre la Suisse et encercler ainsi l' Allemand. Le Bataillon va donc se battre à une place de choix.
La compagnie part vers 10 heures du soir. Au lieu de marcher vers le sud , elle remonte vers le nord pour contourner la Forêt Noire; nous traversons Appenweier, Renchen, Achernbuhl, Steinbach et enfin Baden-Baden , le joyau de la Bade, que la guerre a miraculeusement respectée.
Le courrier arrive , nous ne pouvons croire qu'en pleine bataille nous ayons des nouvelles. Ne pouvant avoir le contact avec 1' armée allemande qui se replie, nous continuons notre avance . La nuit venue nous nous arrêtons dans un petit village BOHRINGEN. Nous libérons des prisonniers français. Nous occupons la ville sans grand combat. Dîner : poulet, veau (immangeable parce qu' abattu à notre arrivée)
Le 20 Avril : Avance en direction de Villigen . Mitraillage par notre aviation (nous avions mis des drapeaux nazis sur nos véhicules ???) Nous avançons en nettoyant rue par rue, immeuble par immeuble, sans trop de gêne, la résistance est presque nulle pour le moment. Les sections se relaient en tête les unes après les autres pour éviter trop de tension nerveuse.
Le 21 Avril : DONAUESCHINGEN : traversée du Danube , nous avons de l'eau jusqu'au ventre, les ponts ont été dynamités, Après quelques rafales de mitrailleuse nous cernons la gare , où il y a quelque résistance mais au bout d' une heure tout est réglé. Pillage des magasins par les civils qui n'ont plus de ravitaillement depuis un moment et nous les laissons faire. Notre tactique est d'avancer très vite pour surprendre 1' ennemi. Par exemple à Hufïngen , les allemands nous attendent au nord de la ville avec arme anti-chars et canon , ainsi que des barrages sur la route , mais une section contourne la ville et nous entrons presque sans encombre par le sud et faisons prisonnière la garnison presque sans résistance.
Dimanche 22 Avril : Nous sommes toujours à Hûfingen , mais à 1 h du matin un ordre arrive disant de se préparer en vue de 1' attaque de BEHLA , pour dégager un peloton de spahis encerclé. A 3 heures nous partons en GMC et prenons position dans un village avec trois autres bataillons (3000 hommes). Au lever du jour nous quittons le village, c'est une nuée d'hommes dans la plaine et allons nous tapire au pied d'une colline que nous devons enlever. On nous fait mettre baïonnette au canon, ce n' est pas très rassurant si nous devons faire du corps à corps. L'artillerie envoie 200 obus de 155 m/m qui pieu-vent sur la crête boisée.
Avançant lentement à cause de la pente très raide, nous nous cachons dans les cavités au fur à mesure que nous progressons. Deux hommes sortent du bois, les mains en 1' air, ils se rendent, ils nous disent que les autres sont partis en voyant notre grand nombre.
Cet accrochage nous a coûté une dizaine de blessés, et les pertes des spahis sont encore plus lourdes.
Ensuite nous descendons occuper le ville de Thigen, enfin nous reprenons notre marche et c'est à TENGEN que la section se distingue, nous sommes l' élément de pointe , après des combats acharnés , même du corps à corps et sans merci , nous faisons des combats de rues et au bout d'une heure , nous avions fait 45 prisonniers.( Tous les membres de mon groupe reçurent la croix de guerre)
Mardi 24 Avril : la section et la compagnie sont de repos , nous suivons la colonne en arrière., la 3ème compagnie étant en pointe.
Nous prenons SINGEN , et nous restons stationnés dans cette ville assez longtemps, la progression en tête étant freinée par la résistance allemande. Nous en profitons pour aller faire cuire des beefteaks chez un boucher, ce qui nous change de la nourriture américaine.
Le lieutenant MOREAU , notre chef de section (issu du maquis de Merry Vaux), avec sa mitraillette à l' épaule accroche le rétroviseur d'un camion et se tire une balle dans le bras. Nous lui faisons un pansement et nous repartons. Pour la nuit, nous revenons à SINGEN, nous occupons un trés bel appartement dans un immeuble de plusieurs étages. Chaque groupe occupe un appartement au grand désespoir des habitants qui doivent se contenter de la cave.
Mercredi 25 Avril : On repart. Notre scout-car de tête est détruit par un panzerfaust. Nous capturons le tireur un jeune de 16 ans terré dans un trou. On atteint ensuite Radolfzell : camp d'instruction des cadres SS. Trés violents combats. Nous sommes bloqués toute la matinée , les allemands ayant fait un barrage antichar sur le pont de chemin de fer , seule voie pour atteindre la ville.
Grâce à des femmes russes et à des prisonniers allemands , le barrage est démoli et la progression peut se poursuivre et nous entrons dans la ville après un bombardement intense de notre artillerie (200 obus).
Il y a des combats de rue et quelques blessés. Enfin la caserne SS se rend et nous faisons plusieurs prisonniers.
Nous repartons pour Markelfingen , la 4ème section attaque, 2 tués. Arrêtés devant ce village , nous le contournons et le prenons à revers, mais les Allemands font sauter leur dépôt de munitions. Après quelques coups de feu , nous prenons le village. Nous retournons coucher à Radolfzell. Nous ne sommes plus qu'à 11 kilomètres de Constance ( but qui nous était assigné) et les Allemands se défendent âprement étant près de la frontière Suisse.
Jeudi 26 Avril : Départ à 8 heures - Allensbach - nous avons 3 tués.
Ensuite après quelques accrochages , c'est une course à 60 kilomètres à l' heure, pour avoir l' honneur de pénétrer les premiers dans CONSTANCE, par un erreur de carte nous nous retrouvons en Suisse, nous faisons demi tour après discussions avec les douaniers suisses. Nous arrivons en vue de Constance et en dernière minute, on nous informe que la cité est déclarée "Ville ouverte" . Heureusement étant coupé de nos arrières, nous n'avions plus que 3 obus.
A l'entrée de la ville , une délégation allemande nous attend avec un drapeau blanc et nous déclare que la ville nous est ouverte.
Ensuite ce ne sont que des ovations, on croirait délivrer les gens.
La compagnie attend au bord du lac le regroupement du bataillon et cantonne dans un hôpital. les corps sont rompus de fatigue, car depuis Feudenstadt la Compagnie fonce sans répit en tête de l' Armée Française, dans la poussière et le soleil.
Nous constatons qu' à Constance il y a une multitude d' hôpitaux , et qu'il y a beaucoup d'officiers allemands qui s'y sont réfugiés. On n' a jamais autant vu d' officiers supérieurs soi-disant malades ou blessés .
Les officiers allemands saluent tous les soldats alliés et nous laissent le trottoir
Vendredi 27 Avril : Repos - Prise d'armes avec le Général Bethouard. Les cantonnements sont déconsignés. Les Chasseurs promènent leurs calots "jonquille" dans toute la ville. La population, d'abord craintive , se montre bientôt beaucoup moins farouche.
Lundi 30 Avril : Le Bataillon reçoit avec mélancolie , les adieux du Lieutenant-Colonel MOILLARD qui va rejoindre l' Etat Major du Général Bethouard. Il nous présente son successeur le commandant PUTZ.
A l'issue de cette cérémonie les chasseurs du 19ème accrochent leurs fourragères.
Mardi 1er Mai : La Compagnie se déplace. contournant la rive Est du Lac , elle se rend à Uberlingen, à Kippenhausen. C'est le repos , mais la guerre n'est pas terminée.
Lundi 7 Mai : Nous rejoignons le Bataillon à Constance , où le Général de Lattre de Tassigny doit passer en revue les troupes victorieuses.
Mardi 8 Mai : A la cérémonie des couleurs qui a lieu chaque matin devant le PC du Bataillon, le Commandant Putz annonce que l'armistice a été signé la veille à Reims, le grand Reich a capitulé sans conditions, devant la puissance combinée des alliés.
Le Bataillon, mené par la fanfare du 31ème B.C.P. défile après cette annonce et avec allégresse que l'on devine ,devant le Lieutenant-Colonel Lebel.
Mercredi 9 Mai : La prise d'armes prévue est retardée; le Général de Lattre est en effet retenu à Berlin, où il doit participer à la signature de la capitulation allemande. Les chasseurs connaissent à Constance deux journées de réjouissances.
Vendredi 11 Mai : C'est en vedette par le lac, qu' arrive le Général commandant la Première Armée Française, il est accompagné de son Etat-Major et du général de Montsabert.
Le Général passe en revue le Bataillon, décorant quelques officiers. Le 19ème défile ensuite devant le Général , précédant ses compagnons d'armes le 1er R.S.A.R. et le 2ème Dragons.
Désormais notre cantonnement est à "L'INSEL HOTEL' sur les bords du lac.
Samedi 12 Mai : En l' honneur de l' armistice notre commandant de compagnie le Lieutenant QUENARC nous offre un repas au restaurant où nous allons tous les soirs ,puisqu' il y a un orchestre et une salle de cinéma.
Dimanche 13 Mai : Messe en plein air pour la fête de Jeanne d' Arc sur les bords du lac et ensuite déjeuner sur la terrasse du Foyer.
Lundi 14 Mai : Je suis de section de garde, nous allons garder un camp de prisonniers à la sortie de la ville. A midi j'apprends que je suis désigné pour partir en permission le lendemain matin.
Je suis relevé de la garde au camp dans la journée.
Mardi 15 Mai : Départ en permission avec Jean Dupire par un camion qui nous mène à Mulhouse. Nous traversons le Rhin à Kembs où nous avions combattu l'hiver précédent.
Le pays semble mort dans ses ruines , nous déjeunons à Sierentz Nous prenons le train à Mulhouse à 16 h 30 pour arriver à Paris le lendemain matin à 7 h oo, juste le temps de prendre le train Gare de Lyon pour Villeneuve-sur-Yonne.
Permission du 15 au 27 Mai 1945
Le 27 Mai , nous rejoignons Mulhouse , et le Bataillon ayant été rattaché à la 4ème Division Marocaine de Montagne se trouve actuellement à St Anton dans le Vorarlberg en Autriche. C'est un convoi de camions qui emmenént les permissionnaires jusqu'à Feldkirch où nous prenons le train qui nous amène à Saint Anton où se trouve le PC du Bataillon. C'est le chauffeur du colonel qui nous emméne en 'Mercedes' à ZUG puis à LECH où nous retrouvons notre 2ème Compagnie. Je loge avec ma section dans une chambre de l' hôtel Schneider.
Le Lieutenant Quenard vient d'être nommé capitaine, l' Aspirant Moreau sous lieutenant , et moi caporal-chef.
Du 1er Juin au 3 Juillet 1945 : Les journées passent , semblables , mais toujours attrayantes, car la proximité de la montagne est pour chacun une source de joies sans cesse renouvelée. Presque tous les matins une équipe de skieurs part , sous les ordres du capitaine , effectuer quelques courses de montagne.
Au cours d'une prise d'armes le Colonel Putz nous remet les croix de guerre allouées à certains d'entre nous.
Nous quittons par la neige ce pays 'hospitalier' , le 3 Juillet et allons loger à St Anton en vue du départ le lendemain pour l' Allemagne.
Mercredi 4 Juillet , le mercredi matin nous sommes reveillés par de violentes explosions de notre train de munitions en gare. Deux tués , quelques blessés. Plusieurs prisonniers allemands sont carbonisés. Nous perdons plusieurs mulets qui nous servaient à porter le matériel en montagne.
Notre départ est retardé de quelques heures pour débloquer les voies encombrées de débris de wagons et nous battons la campagne pour tenter de retrouver des munitions qui auraient pu tomber dans les alentours et présenter un danger. Cette explosion aurait été produite par l'explosion d'un panzerfaust par la fausse manoeuvre d' un prisonnier qui chargeait un wagon.
Départ à 11 h 30 par train spécial : Langen, Feldkirch, Bregenz, Constance, Warthaüsen.
Nous arrivons à 11 h du soir après de nombreus arrêts au cours du trajet, ce qui nous permettait à chaque halte d'aller cueillir des fruits sur les arbres dans les champs et aussi dans les paniers de ceux qui les cueillaient.
Nous descendons à BIBERACH-AM- RIß (Bade Wurtenberg) , et nous cantonnons dans un village proche ASSMANSHARDT.
Jeudi 12 Juillet : Nous retournons à Biberach dans un beau logement où nous resterons jusqu' à ma démobilisation le 10 Novembre 1945, comme dans une ville de garnison avec manoeuvres, distractions ( café, cinéma , etc..)
7 Novembre 1945 :Départ par le train jusqu'à Tettnang (centre démobilisateur) où nous sommes habiillés en civils avec des vêtements de toute sorte. Etant sous officier , je peux conserver ma tenue militaire ,ce qui me servira bien par la suite.
8 Novembre : Nous montons à bord d'un train spécial à destination de Strasbourg; mais comme le train s' arrête dans chaque gare ou est mis en voie de garage pour ne pas retarder le trafic plus urgent. Certains de nos camarades démobilisés, anciens cheminots, s'emparent du train et sans aucune autorisation prennent le départ et nous voila parti sans difficulté, étant protégé pour le moment par Bernard De Lattre, (fils de Général de Lattre ) démobilisé aussi.
Nous arrivons à Strasbourg sans trop d'encombre , mais arrivant dans la gare, nous voyons qu'elle est cernée par des gendarmes mobiles avec des chiens, c'est notre comité s'accueil.
On est prié de descendre du train et parqués dans de grandes salles , nous sommes au moins 1.000 démobilisés.
En passant devant le contrôle , Dupire et moi, étant encore en uniforme on nous indique que nous sommes libres et que nous pouvons continuer notre voyage jusqu' à Paris.
Quand au reste du convoi, nous avons appris qu'il était reparti le lendemain sur Paris.
Démobilisé à Dijon, le 20 Novembre 1945 et rayé des contrôles le 20 Janvier 1946.
Le Général de LATTRE de TASSIGNY, commandant en chef de la 1ère Armée Française, cite à l'ordre du Corps d' Armée :
le 19ème Bataillon de Chasseurs Portés
" Magnifique Bataillon de Chasseurs qui s'est particulièrement distingué au cours de la marche du DANUBE et de la poursuite sur CONSTANCE, par son allant dans l'offensive et son audace manoeuvrière.
" Sous les ordres du Lieutenant-colonel MOILLARD, en soutien du 1er Régiment de Spahis Algériens de Reconnaissance, a bousculé les éléments ennemis qui s' opposaient à notre avance, manoeuvrant audacieusement les résistances rencontréesn après trois jours de poursuite, franchissant le DANUBE à DONAUESCHINGEN , le 21 Avril 1945 et atteignait la frontière suisse le 23 Avril, au sud de ZOLLHAUS.
" Reprenant la pousuite d' un ennemi désorganisé, semblait-il , fonçait délibérément sur CONSTANCE et se heurtait le 25 Avril , au centre de résistance ennemi de RADOLFZELL, solidement tenu par les éléves fanatisés de l' école de cadres S.S. qu'il anéantissait , après une journée de rudes combats.
" Négligeant les éléments ennemis qui continuaient la lutte sur ses flancs, atteignait le terme de sa lutte victorieuse le 26 Avril 1945 à CONSTANCE.
Monument érigé à KEMBS (68)