' RHIN et DANUBE ' - Anciens de la Première Armée Française du Département de l' Yonne

Préfecture de l' Yonne n° 3549

Activités de la Section d' AUXERRE

Liste des cérémonies officielles à AUXERRE 2010

Cérémonie de la Déportation :
Samedi 24 Avril 2010 à 21 heures 30, veillée au Monument des Déportés.et Dimanche 25 Avril 2010 à 11 heures devant la Maison d'Arrêt.

Cérémonie du 8 Mai :Samedi 8 Mai 2010 à 9 h 30 place de l'Arquebuse puis Monument aux Morts.

Cérémonie du 8 Juin d'hommage National aux Morts d'Indochine: Mardii 8 Juin 2010 à 17 h 30 au Monument aux Morts

Cérémonie de l'Appel du 18 Juin    Vendredi 18 Juin 2010 à 18 heures au monument des Déportés.. 

Cérémonie du 14 Juillet : Mercredi 14 Juillet 2010 à 11 heures sur le Quai de la Marine

Cérémonie à la Mémoire des Victimes des Crimes Racistes et d'Hommage aux Justes.: Dimanche 18 Juillet 2010 à 9 h 30 au Monument des Déportés.

Cérémonie de la Libération d'Auxerre le 24 Août :Mardii 24 Août 2010 à 15 heures 30 (tournée des stèles) à 17 heures 30 au Monument aux Morts.

Cérémonie d'Hommage National aux Anciens Supplétifs le 25 Septembre:Samedi i25 Septembre 2010 à 17 heures 30 à la plaque commémorative.

Cérémonie de Commémoration de la Mort du Général de Gaulle le 9 Novembre: Mardi 9 Novembre 2010 à 17 heures 30 au Monument aux Morts.

Cérémonie du 11 Novembre Jeudi  : Jeudi 11 Novembre 2010 à 17 heures 30 au Monument aux Morts

Cérémonie d'hommage aux "Morts pour la France de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie" le 5 Décembre : Dimanche  5 Décembre 2010 à 11 heures 30 au Mémorial AFN

 Communiqué par la Préfecture de l'Yonne

CEREMONIES d'ADIEU du GROUPE GEOGRAPHIQUE de JOIGNY

26 Avril : à AUXERRE
27 Avril à SENS
28 Avril : en nocturne à JOIGNY


 

 




 



Heim

 

Histoire Vraie par Antoine Heim

de la Section d' Auxerre

 


 Antoine Heim, né à Niederbruck le 7 décembre 1927 a été déporté par les Allemands le 10 Juillet 1944 dans la R.D.A.. au camp de Radeberg près de Dresde, en Saxe. Evadé le 16 Novembre 1944, il s'est engagé dans la section F.F.I. de Masevaux, commandée par le lieutenant René Fuchs, le 19 Novembre de la même année.
Il témoigne : " Je me souviens comme si c'était hier de ce mois de novembre 1944, alors que je n'avais pas 17 ans, où je suis arrivé à Niederbruck., le 19 Novembre à 8h30 du matin avec le dernier train qui montait et desservait la vallée. C' était pratiquement le front. Pour rejoindre notre maison, je suis descendu le long de la voie de chemin de fer ( l'actuelle ! piste cyclable). On pouvait entendre à intervalles réguliers des coups de canon venant aussi bien du Ballon d' Alsace que du Bruckerwald. Les soldats allemands étaient partout et en grand nombre. Ils étaient surtout très nerveux, mais il n' y avait,à ma vue, aucun matériel ou arsenal lourd.


Quand je suis arrivé à la maison, mon jeune frère Joseph, qui avait juste 13 ans, est venu m' ouvrir mais il ouvrit d'abord le vasistas de la porte d'entrée car il était seul à la maison avec maman et il cria " Maman, c'est Antoine! " Aussitôt j'entendis une chute. Maman venait de s' évanouir, tombée en syncope. Agée de 45 ans, elle était seule pour élever ses cinq enfants car veuve à 31 ans par suite de la mort tragique de papa à la scierie Golly, le 11 avril 1931.


Maman revenue de ses émotions, aussitôt après m'être lavé et changé de vêtements, je suis parti à travers champs et forêts pour aller voir ma sœur Madeleine, laquelle avait à peine 18 ans et venait de se marier à Leimbach précipitamment avec un homme de 36 ans, afin que ce dernier obtienne un sursis pour ne pas être enrôlé dans l' armée allemande.
Le lendemain, en voulant retourner à Niederbruck, je me suis arrêté à Roderen où nous avions une grande partie de notre parenté du côté de maman. Puis, à la sortie du village, en allant sur Bourbach-le-Bas, je me suis fait interpeller par deux hommes. Ils voulaient savoir d' où je venais et où j' allais, puis l'un , qui paraissait être le chef, me déconseilla de retourner à Niederbruck et de rester avec eux.

Ainsi je suis tombé sur deux FFI, le lieutenant René Fuchs et Xavier Schnebelen, tous deux de Roderen. Ils faisaient partie du réseau de résistance de Thann du Capitaine Christen, dit Capitaine Fracasse.


Tout le secteur de Roderen, Bourbach-le-Bas, Guewenheim-Lauw, je le connaissais pratiquement par cœur ,vu qu' avec notre maman nous allions une ou deux fois par an Roderen dans la famille. C'est pourquoi, le lendemain ou le surlendemain, le lieutenant Fuschs me demandait si j'acceptais d' aller en mission. II fallait aller à St Nicolas, dans le territoire de Belfort où l'état-major français était en cantonnement, en attendant de déclencher le combat sur 1' Alsace et particulièrement sur Masevaux, car le Général de Lattre de Tassigny voulait des renseignements très précis avant d' attaquer.

Je n'avais aucun document sur moi, ni pli, sauf un criquet, un pistolet (coït américain) et le mot de passe " Odile ". Mais ma mission était surtout d' observer attentivement au passage la situation militaire de 1' armée allemande, leurs positions, l'éventuel nombre et leur matériel d'armement
Ainsi, je suis parti à travers champs et forêts jusqu'à Masevaux. Or à Masevaux, il y avait certes des soldats allemands mais le gros des troupes était regroupé sur les hauteurs de Eichbourg et des environs.


Pour me rendre à St Nicolas, je me souviens être monté par le Odilienbaechle que je connaissais bien pour être sur le chemin qui mène par derrière à Niederbruck. A la nuit tombante , je suis arrivé à une ferme. L' armée française était là en stationnement et en grand nombre. Le Général de Lattre de Tassigny en personne était là, de passage en inspection. Aussi, je fus conduit et reçu directement par lui-même et d'autres officiers. Ils étaient avides de nouvelles. Pour le général, l'attaque de Masevaux était symbolique, il tenait particulièrement à rentrer le premier (cela veut dire ses troupes) sur le sol alsacien et libérer la première ville d' Alsace, Masevaux. Ce soir-là j'ai mangé à côté du Général qui me posait de multiples questions. Puis, il m'a longuement félicité pour ma bravoure.


Je suis resté avec eux jusqu'à l'attaque sur Masevaux et j'étais probablement, pour ne pas dire certainement, le premier avec l'armée de libération à fouler le sol d' Alsace (comme éclaireur) pour libérer Masevaux.
Nous avancions d'abord sans résistance de l'armée allemande. Mais comme nous venions des hauteurs du Territoire, Rougement le Château, Stoecken et vu que Masevaux se trouve dans une cuvette, bien gardée par les Allemands, le combat fut rude et la première journée, ce samedi 25 novembre, fut meurtrière. La libération de Masevaux a duré quatre, pour ne pas dire cinq jours


Le Lundi 27, dès l'aube, mes chefs m'ont demandé d'aller à Niederbruck. J'avais pour mission, de surveiller le pont et éviter que les Allemands le fassent sauter car le pont qui relie le village avait, cela va de soi, un avantage stratégique pour la progression des troupes françaises. Il était programmé que l'armée de libération viendrait par Stoecken et le Nollen, par la petite route de derrière, dite rue de Masevaux.


Quand je suis arrivé ce lundi 27 novembre en fin de matinée à Niederbruck, tous les habitants de la grande rue avaient disparu. Toutes les maisons étaient vides ou le paraissaient.
Chez nous, il n' y avait personne, tout était fermé à clé.Je suis monté à l'étage où j'ai trouvé, toute seule, ma grande tante et marraine Marie Heim. Je lui ai posé la question: " Où sont passés les gens ? " Elle m'a répondu : " il y a eu un ordre des Allemands que tous les gens habitant la rue principale doivent se réfugier de l'autre côté de la Doller, que les Allemands allaient faire sauter le pont. "
Ma marraine, vieille demoiselle de 75 ans, avec sa grande taille, sèche, d'un caractère autoritaire, très ordonnée et d'une grande culture, n' était pas une personne à se laisser commander. Elle a passé pratiquement toute sa vie à Paris. On l'appelait d' ailleurs " la Parisienne ". Aussi, me dit-elle: 'II n'est pas question que je quitte la maison.

Depuis le temps que je les attends, je reste pour accueillir les libérateurs'
Je ne me suis pas attardé davantage chez elle et j'ai filé pour revoir ma maman. Il était environ 12h30. Il n' y avait plus beaucoup de soldats dans le secteur, peut-être une dizaine ? Plus rien à voir avec le grand nombre qu'il y avait le jour de mon arrivée ce 19 Novembre.


En passant devant la scierie Golly, pour traverser le pont, j'ai vu que le portail était grand ouvert. Il y avait là un soldat allemand , lequel paraissait assez jeune. Je suis passé et il ne m'a pas prêté attention. Il était en faction et veillait sur le pont. Par contre, j' avais remarqué que le pont était bien miné, prêt à sauter. Comme cela était ma mission, éviter que les Allemands fassent sauter le pont, j'ai eu un choc, mais j'ai tranquillement continué mon chemin, traversé le pont pour me rendre chez Odile et Xavier Ehret au 6 rue des chasseurs, II y avait là ma maman et mes trois frères et sœur.


Xavier me dit en me montrant par la fenêtre un soldat allemand: " Tu vois, celui-là il fait le guet, il attend l'arrivée de l'armée française et c'est lui qui doit donner le signal pour faire sauter le pont ". Or, ce soldat allemand était à environ 15 mètres de la maison et de son emplacement il avait une vue parfaite sur la petite route venant de Masevaux. Il mangeait son casse-croûte sur place en marchant de long en large. Odile lui apportait une tasse de café chaud.
Personne ne savait que je faisais partie des FFI, pas plus que je ne l'avais dis à maman.


J'avais une mission mais hélas je ne savais quoi faire? J'observais ce soldat allemand. L'approcher, je n' osais pas par peur de réaction et tirer sur lui avec un pistolet aurait été une folie suicidaire, déjà vu la distance. Mais cela me rongeait car j'avais une mission à remplir, mais je pensais aussi aux éventuelles représailles. J'ai demandé un torchon blanc à Odile puis j'en ai fait un drapeau pour signaler aux soldats français que le secteur était libre (ce qui était ma deuxième mission).
Ce même lundi 27 Novembre, vers 17 heures, la sentinelle allemande qui faisait le guet est précipitamment partie en courant. Aussi j'ai compris qu'il venait d' apercevoir au loin l'arrivée de l'armée de libération. Je l'avais à portée de main ce soldat et j' aurais à ce moment pu l'abattre mais à ma grande honte, trois fois hélas, au risque de me répéter, je n'ai rien fait. J'étais paralysé par la peur car je voyais les éventuelles représailles. Dans mon âme et conscience je ne regrette rien, bien que j'en ai gardé un petit remord.


Voyant le soldat allemand s'enfuir, je suis sorti de la maison à mon tour. J'ai vu venir, à la lisière de la forêt, un petit détachement militaire. Le convoi arrivait par la route de Masevaux comme cela était programmé. Il roulait au pas. En premier, il y avait une jeep suivie d'un véhicule auto-mitrailleuse et d'un char.
J'ai agité de toutes mes forces mon drapeau blanc de fortune et pratiquement au même moment le pont a sauté. Ce pont en sautant (d'ailleurs, il s'est seulement affaissé) a certes fait quelques dégâts matériels : des tuiles sont tombées par la déflagration, mais c'était minime. Il n'y avait pas de perte humaine, ni de blessé. L édifice qui a le plus souffert a été l'ancienne chapelle.


Quant à la petite colonne des libérateurs, sans perdre de temps, elle est de suite montée dans le haut du village d'où venait le signal du drapeau blanc. J'ai couru à leur rencontre. L'officier qui était dans le coup me connaissait depuis notre rencontre au cantonnement de St Nicolas.
Le char s'est mis immédiatement en position de défense et un coup de fusée a été lancé en direction de Masevaux pour avertir du champ libre.
La nuit tombait vite, aussi le sous-lieutenant des fusiliers marins m' a proposé d'aller en patrouille le long de la Doller, rive
droite. Je servais de guide et donc j'ouvrais la marche. Nous étions cinq ou six hommes. Nous longions la rivière en venant de
la maison Schieber Joseph et allions en direction du pont détruit. A la hauteur de notre maison qui était juste en face, sur l'autre
rive, le sous-lieutenant lâcha une rafale de mitraillette contre la façade car il avait vu une personne qui se déplaçait au premier
étage, un bougie allumée à la main. Pour le sous-lieutenant, c' était la présence d' un soldat allemand, or hélas, ce fut ma
grande tante et marraine Marie Heim.


Nous continuions notre parcours il était environ 20 heures et j 'ai rejoint maman et les autres. Le char qui était installé en face
de la maison ,montait la garde. Je suis resté avec les deux soldats pour veiller avec eux, cela m'excitait.
Quelle fut ma surprise ! Voilà que mon copain Célestin Grunenberger, né en 1929, est venu nous voir et voulait absolument
rester avec nous pour monter la garde et cela jusqu'à trois heures du matin. Il s'est par la suite engagé dans l'armée française
pour la durée de la guerre. Nous étions toujours bons copains.


Le 28 au matin, vers 8h30, le sous-lieutenant avec lequel j'avais patrouillé la veille au soir vint me chercher sans rien dire à personne et il m'emmena. En marchant, il m'expliquait que la veille au soir, en tirant contre notre maison, il a tué ma marraine. Comme le pont avait sauté, nous sommes passés par la petite passerelle en fer de l'usine Cuivre et Alliages. En descendant la rue, quand nous sommes arrivés à la hauteur de la scierie Golly, je voyais alignés devant le portail, quelques soldats allemands faits prisonniers. Ils étaient peut-être douze ou quinze ou plus. La rive gauche venait d'être libérée dès l'aube de ce 28 novembre 1944.
Le lendemain il fallait s'occuper de l'enterrement de ma marraine. Cela fut organisé très rapidement avec le sous-lieutenant des fusiliers marins qui voulait personnellement y assister.
Aussi, ce mercredi 29 Novembre, la cérémonie était prévue à 14 heures, enterrement militaire avec les honneurs. Le cercueil fit mis sur le véhicule auto-mitrailleuse (en l'occurrence sur le véhicule qui était entré le premier dans Niederbruck, deux jours auparavant, vers 17 h) , et le sous- lieutenant tenait à ce que le véhicule soit là, d'autant plus que ma marraine attendait à la maison pour accueillir les libérateurs. Le cercueil fut recouvert totalement avec un grande drapeau bleu-blanc-rouge. Un peloton de soldats était aligné et avant que le véhicule ne quitte la cour, ils ont tiré une salve d'honneur avec leurs mitraillettes et un autre peloton présentait les armes. Elle repose à Masevaux, dans la tombe ancestrale depuis huit, sinon dix générations de Seil-ler, Zurlinden, Heim.
Après l'inhumation, je suis resté à Masevaux car je voulais faire la connaissance des FFI de la section locale et tout particulièrement Pierre Levêque, cela me tenait à cœur . J'ai passé la nuit au cantonnement de Masevaux.
Le lendemain, jeudi 30 Novembre, en début d'après-midi, je suis monté machinalement à Niederbruck. En arrivant, j'ai vu que les prisonniers allemands avaient fait entre temps une passerelle de fortune avec des pièces de bois de la scierie Golly.
Quand à moi, je suis retourné au front rejoindre l'armée régulière à Guewenheim car j'avais toujours la mission d'éclaireur. Il nous signale encore " Pendant que je faisais la campagne d' Alsace, Bernard de Lattre de Tassigny , fils du général, alors blessé au bras (épaule gauche), était au repos à Niederbruck; chez moi et couchait dans mon lit "


Merci à Antoine HEIM, d'avoir bien voulu nous communiquer le " Niederbruck Infos " du Mois de Novembre 2004, intitulé : " 11 y a 60 ans, la libération, les témoins racontent..........

 

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